Comment ne pas "non assister les personnes en danger" ?

Publié le par Patrick Fodella

 

Nous étions quelques centaines hier, mercredi 23 novembre 2016, à Nice devant le tribunal.

Nous étions quelques centaines à dire notre soutien Pierre-Alain Mannoni, chercheur à l'université de Nice et solidaire de réfugié-e-s.

Nous étions quelques centaines à dire notre opposition à la montée de la criminalisation de l'action militante, quelles soit syndicale, associative ou politique.

Nous étions quelques centaines à nous interroger sur ce que signifie aujourd'hui, en France, le principe de "non assistance à personne en danger".

Car ce qui est reproché à Pierre-Alain, c'est bien d'avoir assisté des personnes en danger. Il a (quelque crime !) transporté dans son véhicule des jeunes femmes depuis St Dalmas (en France) vers Nice (aussi en France) où il n'est pas arrivé puisque arrêté en route. Certes ces jeunes personnes n'étaient pas en règle avec le droit de notre pays des droits de l'homme. C'est à dire: elle n'avaient pas de papier !

Nous touchons là une des limites de l'obligation d'assistance à personne en danger: nous ne pouvons aider que des personnes en règle. Que les autres crèvent ! La prochaine fois que vous croisez une personne qui se noie, demandez lui ses papier avant de la sauver...

Autre limite de ce droit, est l'idée que nous nous faisons d'une personne en danger. Est-ce que des jeunes personnes, qui ont traversé la moitié de l'Afrique, la Méditerranée, l'Italie, à pied, en zodiac, en camion... que sais-je encore, est-ce que donc ces gens sont en danger quand ils sont dans une charmante commune des Alpes-Maritimes et qu'il veulent poursuivre leur route ?

Et si nous concluons que ces personnes sont en danger, comment est-il possible de les aider ? A priori la justice française ne connaît qu'une solution: lorsque vous voyez des personnes en danger, vous appelez la police, et vous leur demandez de venir les aider. Vous ne risquerez pas, ainsi, 6 mois de prison avec sursis.

C'est en effet la peine que le procureur a requis contre Pierre-Alain. Délibéré le 6 janvier...

Nous y serons, comme nous serons le 4 janvier pour le procès de Cédric Hessou, accusé des mêmes (ou presque) délits.

Comme il faudra être aussi le 9 janvier 2017 à Dax, pour le procès de Jon Palais, premier "emprunteur de chaise" poursuivi en justice !

Comme il faudra être aux côtés d'Antoine Deltour, Raphaël Halet et Edouard Perrin... La liste commence à être longue. Ce n'est qu'un début, continuons...

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