Pourquoi la France ne doit pas battre l'Uruguay !

Publié le par Patrick Fodella

L'équipe de France de football dispute aujourd'hui, 6 juillet, un quart de finale de la coupe de monde.

Elle est arrivée au même résultat qu'il y a 4 ans. C'est bien. C'est suffisant.

Le sport, et particulièrement le football dépasse aujourd'hui le cadre ludique de son origine. C'est une industrie qui pèse un poids de plus en plus lourd dans notre économie.

Cette activité économique repose sur un investissement affectif (et souvent financier) d'un nombre d'individus extraordinairement grand. Le football est pratiqué et plus encore suivi, dans toutes les contrées de la planète.

Ce qui donne à ce sport une résonance politique indiscutable. Aucun élu ou despote n'ignore cette importance. Et la plupart sait très bien s'en servir. A commencer par Mussolini qui a utilisé (et contribué, au mépris de certaines règles) les victoires de l'Italie en 1934 et 38.

C'est toujours le cas aujourd'hui. Poutine a bien saisi l'enjeu de l'organisation de grandes manifestations sportives pour développer sa popularité. Les championnats du Monde de football succèdent très positivement pour lui aux JO d'hiver ! La Russie en 1/4 de finale, c'est un bonus inespéré dans une Russie en proie à des difficultés économiques, et face à une réforme des retraites très impopulaire...

La France connaît aussi cette situation. Nous sommes très nombreux à nous souvenir de cette ambiance euphorique de l'été 98 après le titre obtenu par les Zidane, Deschamps, Jacquet et autres Thuram... La France black-blanc-beur était sur le toit du monde. Tous les problèmes allaient disparaître... Chirac a bien communiqué sur cet événement. Jospin, un peu moins...

Ce qui était vrai il y a 20 ans reste vrai aujourd'hui.

Une victoire de l'équipe de France dans ce mondial porterait Macron aux nues ! Lui qui a déjà osé annoncer l'éventuel report de l'annonce du plan pauvreté si l'équipe de France était en 1/2 finale. Certes, il y a le risque que l'événement footballistique écrase la portée de l'annonce du plan politique. Mais ce risque pouvait être anticipé. Maintenant, nous savons que pour Macron, les pauvres passent après les millionnaires en short...

Macron est un excellent communicant. J'imagine qu'il saura tirer parti d'une victoire française à Moscou. Il se positionnera comme le Président de la France qui gagne, qui réussit. Il sera encore plus, le Président qui fait bouger la France, qui la transforme, qui l'adapte aux exigences du XXIème siècle.

Comment dans ce cadre, lutter efficacement contre la réforme des retraites qui s'annonce terrifiante à la rentrée de septembre ?

C'est pourquoi l'équipe de France ne doit pas gagner face à l'Uruguay.

De même que le Brésil, en campagne électorale présidentielle, ne doit pas gagner face à la Belgique. L'échec de l'Argentine a porté un coup politique à Macri (le Président argentin) dans une période de nouvelles difficultés économiques importantes... Un nouvel échec du Brésil ne serait pas porteur pour la droite au pouvoir et en campagne.

Bien sûr, la Russie ne doit pas gagner non plus, pour les raisons évoquées plus haut.

Alors, qui ?

Je pense qu'une finale Belgique - Angleterre serait du meilleur effet.

La Belgique pour montrer que même sans gouvernement (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, mais qui l'a été longtemps) on peut vivre correctement.

L'Angleterre pour montrer qu'en dehors de l'Union Européenne, la vie est belle !

Rendez-vous le 15 juillet... et allez l'Uruguay.

Publié dans Politique, Actualités, Sport, Monde

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